Changements climatiques et conservation des sols et de l'eau

Présentation de Hans Kristensen devant le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire (AGRI) lors de leur étude des Changements climatiques et problèmes de conservation de l’eau et des sols le mercredi 7 février 2018, à Ottawa.

infographique changement climatique conseil canadien du porc

Bonjour. Je m’appelle Hans Kristensen. Je suis un éleveur de porcs et de poulet du Nouveau-Brunswick, et le premier vice-président du Conseil canadien du porc.

J’aimerais d’abord remercier les membres de ce Comité de m’avoir invité à venir discuter de l’étude sur les changements climatiques et sur les problèmes de conservation de l’eau et des sols.

Comme tous les Canadiens, les éleveurs de porcs s’inquiètent des conséquences des changements climatiques et de l’impact que nous, en tant que producteurs alimentaires, avons sur les sols et sur les ressources en eau dont nous dépendons.

Les changements climatiques ne sont pas pour nous un défi théorique. Ils ont des répercussions sur les cultures que nous produisons, sur les installations que nous utilisons pour protéger nos animaux, de même que sur les maladies végétales et animales auxquelles nous devons faire face.

Souvent, nous vivons sur nos fermes et, la plupart du temps, notre réussite dépend de notre capacité à transférer nos fermes de génération en génération.

À ces considérations générales s’ajoute la réalité concrète de devoir soutenir jour après jour la concurrence sur le marché mondial.

Les éleveurs de porcs canadiens exportent près de 70 % de leur production. Nous évoluons dans un environnement hautement concurrentiel et l’un de nos principaux avantages est notre accès à des sols de grande qualité et à un approvisionnement constant en eau.

Nous sommes conscients de l’importance de ces ressources et c’est pourquoi nous nous efforçons d’en assurer la disponibilité à long terme.

La nécessité d’être concurrentiel à l’échelle mondiale signifie que nous devons sans cesse nous employer à produire davantage de porc en utilisant moins de terre, d’eau et d’énergie.   

De plus, les éleveurs de porcs sont pleinement conscients de l’importance de préserver la confiance des Canadiens – de tous les Canadiens, et non seulement ceux qui consomment notre porc. 

Autrement dit, les éleveurs subissent des pressions énormes non seulement pour être des gardiens de leur propre environnement, mais pour être des gardiens de l’environnement en général.

Nous acceptons ce défi et avons commencé à suivre de près nos progrès. Les éleveurs québécois, par exemple, surveillent régulièrement leurs progrès. En quatre ans seulement, ils ont réduit de 1,7 % la quantité d’eau nécessaire pour produire un kilo de porc. Les éleveurs québécois se sont également comparés aux éleveurs mondiaux et ont constaté que leur empreinte de carbone était de 31 % inférieure à la moyenne mondiale.

Des recherches menées aux États-Unis montrent que les éleveurs de porc américains qui utilisent des systèmes de production semblables à ceux utilisés au Canada ont, au cours des 50 dernières années, réduit de moitié (50 %) les ressources naturelles consommées par les porcs pour chaque kilo de porc produit. Les agriculteurs utilisent 40 % moins d’eau, 33 % moins de nourriture et jusqu’à 59 % moins de terre.

À l’échelle nationale, la Table ronde sur la chaîne de valeur du porc s’appuiera sur les travaux menés à l’échelle provinciale pour entreprendre une analyse du cycle de vie de l’industrie du porc au Canada.

Au fil des ans, nous avons adopté différentes initiatives – souvent en partenariat avec les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi qu’avec les administrations municipales.

L’adoption de Plans agroenvironnementaux en est un des premiers exemples.

Le plan environnemental de la ferme est une évaluation menée par les éleveurs en vue de cerner et d’atténuer les risques environnementaux éventuels sur la ferme.   

Ces plans, combinés aux mesures d’incitations techniques et financières visant à s’attaquer aux problèmes décelés ont permis non seulement d’attirer l’attention sur les problèmes à la ferme, mais également de mettre en œuvre des mesures pour y remédier. C’est là un exemple typique de pensée globale et d’action locale.

FUMIER :

La gestion du lisier de porc est un domaine dans lequel notre industrie s’est grandement investie pour développer des pratiques à caractère scientifique visant à réduire notre impact sur les sols et sur l’eau.

L’épandage de lisier de porc sur les terres agricoles est un moyen économique et durable sur le plan de l’environnement pour augmenter le rendement des récoltes par l’apport de substances nutritives et de matières organiques.

Les nutriments présents dans le lisier de porc peuvent remplacer les fertilisants chimiques, et réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à leur production.

La valeur du lisier est toutefois plus importante que la valeur cumulée des différents nutriments. Le lisier de porc est un excellent fertilisant qui améliore la qualité du sol.

Afin d’optimiser la valeur du lisier de porc, les éleveurs du Canada développent des plans de gestion des éléments nutritifs. Ces plans, élaborés avec l’aide de spécialistes des sols et de l’eau, veillent à ce que la capacité de stockage de fumier soit adéquate et que l’épandage soit effectué le plus avantageusement possible pour la terre.   

Dans plusieurs régions du Canada, les éleveurs utilisent un procédé par injection pour l’épandage du fumier. Une telle injection directe dans le sol assure l’utilisation maximale des nutriments disponible par la culture.

Le soutien financier du gouvernement, souvent lié aux Plans agroenvironnementaux, s’est avéré d’une grande efficacité pour mettre en œuvre des mesures visant à mieux gérer le stockage et l’épandage de fumier. 

Les éleveurs travaillent également en étroite collaboration avec le gouvernement afin de trouver des solutions à l’échelle des bassins hydrographiques pour gérer la qualité de l’eau. Les éleveurs ontariens, par exemple, collaborent activement avec des fonctionnaires du gouvernement ontarien et d’autres intervenants de l’industrie agricole au Plan d’action national pour le bassin des Grands Lacs.

RECHERCHE :

Il reste toutefois encore du travail à faire. C’est pourquoi les éleveurs collaborent avec les gouvernements et investissent massivement dans la recherche et le développement.

Par exemple, près de la moitié de l’empreinte carbone associée à l’élevage de porc est attribuable à la production de récoltes destinées à l’alimentation des porcs.

L’amélioration de l’indice de conversion offre une excellente occasion de réduire l’effet global de la production porcine et le nombre d’acres nécessaires à l’alimentation des porcs.

Des projets de recherche en cours étudient pratiquement tous les aspects de la question, du recensement d’animaux génétiquement supérieurs à l’utilisation de probiotiques qui contribuent à améliorer la disponibilité des nutriments.  

Des efforts sont également déployés pour cerner des méthodes pratiques qui mèneront à de plus grandes économies en matière d’aliments, d’eau et d’énergie.

Compte tenu de l’importance de l’innovation, nous sommes ravis de la priorité que lui accorde le gouvernement du Canada.

Les éleveurs de porcs canadiens attendent avec intérêt le lancement du nouveau Partenariat canadien pour l’agriculture. Grâce au programme Agri-science, les éleveurs de porcs pourront poursuivre leur partenariat à long terme avec Agriculture et Agroalimentaire Canada afin d’exploiter la recherche pour relever les défis fondamentaux de notre industrie.

En ce qui concerne le porc, nos travaux de recherche sont dirigés par Swine Innovation Porc.

Swine Innovation Porc, qui a son siège à Québec, favorise les activités de recherche dans le secteur porcin canadien. Son principal objectif consiste à accroître la rentabilité et le développement durable de l’industrie canadienne du porc en appuyant le développement de technologies les plus innovantes qui profiteront à la chaîne de valeur du porc.

Bien que le secteur du porc ait grandement tiré profit de l’initiative de grappes agroscientifiques, les ressources que nous pouvons mettre à contribution sont limitées. 

En 2016, le Conseil canadien du porc a mené à terme le processus public de création d’un office de promotion et de recherche. Un tel office offrirait aux éleveurs une nouvelle source de fonds de l’industrie qui pourrait servir à élargir notre programme d’innovation.

Nous attendons avec intérêt que le gouvernement du Canada termine son examen de notre demande et prenne les mesures nécessaires pour créer l’office.

D’énormes progrès ont été réalisés dans la lutte contre les changements climatiques; en effet, nous améliorons sans cesse l’efficacité et la durabilité environnementale de notre production en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre par l’adoption de pratiques innovatrices en matière de santé et d’élevage, par l’adaptation d’outils à l’appui d’une production durable et respectueuse de l’environnement et par l’utilisation de moins de ressources. De telles initiatives réduisent l’impact de la production de porc sur l’environnement. 

Je vous remercie encore une fois de cette occasion de comparaître devant vous aujourd’hui et de traiter de cet important sujet.

Je serais ravi de répondre à vos questions.