Consultation sur les échanges commerciaux avec les pays de l'Asie-Pacifique
Le Conseil canadien du porc (CCP) et Canada Porc International (CPI) ont répondu à l’invitation du gouvernement du Canada de prendre part à la consultation sur les échanges commerciaux avec les pays de l'Asie-Pacifique. Le CCP est le porte-parole national des 7 000 éleveurs de porcs du Canada. CPI constitue, pour sa part, un partenariat très actif entre des éleveurs de porcs, des abattoirs, des installations de transformation et des sociétés de commerce. Les membres de CPI représentent près de 99 % de l’industrie canadienne d’exportation de porc.
L’industrie vend ses produits sur les marchés internationaux depuis plus de 25 ans et rejoint des consommateurs dans plus d'une centaine de pays. En 2016, les exportations ont totalisé 3,8 milliards de dollars et ont représenté près de 70 % de la production canadienne de viande de porc. Un meilleur accès aux marchés revêt une importance capitale pour les éleveurs du Canada, et ces derniers applaudissent les efforts que déploie le gouvernement pour élargir les relations économiques avec les marchés clés de l’Asie-Pacifique. Négliger d’élargir l’accès aux marchés nuira grandement au secteur du porc qui s'efforce de hausser les exportations et d’aider le Canada à atteindre la cible de 75 milliards de dollars en exportations d'ici 2025, dont il est question dans le Budget 2017.
Le gouvernement canadien a déterminé que les marchés de l’Asie-Pacifique sont prioritaires et souligne qu’il travaille de concert avec les membres actuels du Partenariat transpacifique (PTP) pour évaluer les options (le PTP des onze pays membres, ou PTP-11, faisant possiblement partie de ces options). Les éleveurs de porcs du Canada souscrivent à cette orientation, puisque les marchés de l’Asie-Pacifique sont une pierre angulaire de la réussite que connaît l’exportation du porc. Le secteur attendait avec impatience la mise en place du Partenariat transpacifique et n'a pas caché sa grande déception lorsque les États-Unis ont retiré leur soutien à celui-ci en janvier 2017.
Néanmoins, la mise en œuvre, par les onze pays restants (PTP-11), des dispositions de l’accord du PTP en matière d’accès aux marchés demeure précieuse pour le secteur canadien du porc. En 2016, les exportations canadiennes de porc vers neuf des dix pays membres du PTP ont totalisé 380 000 tonnes de porc, dont la valeur s’est chiffrée à 1,4 milliard de dollars. Dans ce contexte, les produits de porc canadiens sont rendus disponibles à plus de 461 millions de consommateurs possibles.
La région du Pacifique connaît non seulement une croissance économique considérable, mais elle doit également satisfaire un besoin grandissant pour les produits agricoles. Cette croissance, conjuguée à une augmentation de la population, est l’un des principaux moteurs des exportations canadiennes. Les avantages que procure le PTP-11 sont substantiels. À vrai dire, selon l'étude 2017 de la Canada West Foundation, ils sont encore plus considérables sans la participation des États-Unis.
Les exportations canadiennes de porc au Japon, qui est le deuxième marché d’exportation en importance après les États-Unis, se sont chiffrées à 1 074 milliards de dollars, soit 48 % du total des expéditions vers des destinations non américaines. Les autres pays exportateurs de porc sont tout à fait conscients de l'importance de ce marché. Par exemple, l’Union européenne a récemment conclu un accord de libre-échange avec le Japon en vue d’améliorer l’accès de son porc à ce marché. Il convient de mentionner que le Japon résiste depuis quelque temps déjà aux efforts que déploient les États-Unis et le Canada dans le but de mettre en place des accords bilatéraux. Il est peu probable que les discussions bilatérales entre le Canada et le Japon offrent des débouchés dans un avenir rapproché. Pendant ce temps, les exportateurs canadiens de produits agroalimentaires continuent de perdre du terrain au profit non seulement des exportateurs de l’Union européenne, mais également de ceux de l’Australie qui a, lui aussi, été en mesure de négocier un accès privilégié au marché.
La valeur que procurent les marchés des onze pays membres du PTP au commerce du porc canadien est indispensable à l’essor de l’industrie. Bien que le marché japonais demeure le plus lucratif, il est possible d’améliorer à court terme les parts du marché canadien à Singapour, au Vietnam et en Malaisie. La mise en œuvre de l’accord du PTP-11 favoriserait en outre l’augmentation des contingents tarifaires convenus dans le cadre de l’Accord de libre-échange Canada-Pérou.
De tous les pays du PTP-11, le Vietnam permettrait au Canada de réaliser un gain important, si celui-ci jouissait d’un accès en franchise de droits, car ce marché s’annonce le plus prometteur pour l'expansion des exportations canadiennes de porc. À l’heure actuelle, la population du Vietnam consomme annuellement plus de 2 millions de tonnes de porc; il s'agit de l’un des taux de consommation de porc par habitant les plus élevés dans le monde. La production locale ne suffira pas à approvisionner un marché en pleine croissance compte tenu des difficultés à contrôler les maladies porcines et de l’intensification des échanges commerciaux de porcs vivants et de produits de porc avec la Chine.
Le Canada a exporté 3 468 tonnes de produits de porc au Vietnam en 2015. Les exportations ont chuté à 1 383 tonnes en 2016 puis, en 2017 (de janvier à juillet), elles ont repris pour atteindre 1 410 tonnes. L’on s’attend dorénavant à une augmentation des échanges commerciaux avec le Vietnam. Par ailleurs, les droits peu élevés de douane permettraient au Canada de devenir beaucoup plus concurrentiel sur ce marché sensible aux prix. Les producteurs des États-Unis et de l’Union européenne bénéficient déjà d’une position privilégiée sur le marché du porc qui se raffermira à mesure que les droits de douane seront éliminés. Le Canada ne sera pas en mesure de faire concurrence au Vietnam à moins qu’il jouisse des mêmes droits de douane que les autres exportateurs.
Du reste, le PTP-11 peut servir de tremplin au Canada pour améliorer son accès aux marchés d’autres pays qui ont manifesté leur intérêt à joindre le partenariat, comme la Corée, l’Indonésie, la Taïwan, la Thaïlande et les Philippines. Il pourrait également être possible d'inclure ultérieurement dans l'accord les membres de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de l’Alliance du Pacifique, des accords régionaux dont le Canada est déjà membre. Si l’accord avec les onze pays membres du PTP n’entre pas en vigueur, ces pays et sans doute plusieurs pays de l’Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) s'intéresseront de plus en plus à d’autres accords commerciaux régionaux, y compris au Partenariat économique intégral régional piloté par la Chine.
Dans l’éventualité où l’accord avec les onze pays membres du PTP n’est pas mis en œuvre, le Canada subira une érosion importante de sa capacité de faire concurrence au Japon et sur les autres marchés asiatiques à forte croissance. D’après l’analyse faite par le gouvernement du Canada avant le retrait des États-Unis, le PTP réaliserait des gains économiques considérables grâce à la participation du Canada, mais plus important encore, il subirait de lourdes pertes si le Canada n'était pas membre.
Le CCP et le CPI pressent le gouvernement canadien d’exercer un leadership dans les négociations avec les onze pays membres du PTP afin de parvenir le plus rapidement possible à un accord. Les éleveurs de porcs canadiens demandent au gouvernement du Canada de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que la mise en œuvre d'un accord conclu avec les onze membres du PTP ne compromet pas les résultats en matière d’accès aux marchés obtenus à l’issue des négociations engagées dans le cadre de l’accord original du PTP.